AFFOKPE

Cinq fruits, cinq amours de ma vie

L’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) a déclaré l’année 2021 comme l’année internationale des Fruits et Légumes (#IYFV) et cela m’a particulièrement ravi car mon histoire avec les fruits et légumes est aussi longue que le bras d’un joueur de basketball.

A l’évocation des fruits, c’est d’innombrables souvenirs qui me remontent : certaines datant de ma toute petite enfance, et d’autres d’une époque où j’étais beaucoup moins jeune. Celui qui m’a le plus marqué est cet après-midi du début des années 2000 où je me suis pris une tige de manguier dans l’œil gauche en essayant de cueillir une mangue. J’ai manqué de voir pendant un certain temps tout en haut du manguier, mais j’ai tout de même réussi à arracher cette satanée mangue et je l’ai bien mangé pour mon plaisir (j’ai même failli avaler le noyau). Juste que derrière, cela m’a valu de ne pas voir sous le soleil pendant presqu’une semaine. C’est certainement à ce moment qu’ont commencé mes ennuis oculaires.

Mais la mangue n’est pas le plus ancien de mes souvenirs « fruitiers ». Pour cela, il faudra remonter à ma toute tendre enfance, au début des années 1990, avec l’un de mes tous premiers camarades de classe, Donatien. Il y avait chez eux trois anacardiers et on raffolait de la pomme cajou malgré tous les mythes qui entouraient ce fruit : il ne faut pas le consommer avec du lait, ou je ne sais plus quoi encore, sinon on meurt. C’est peut-être pour ça que jusqu’à présent, je ne suis pas un grand fanatique du lait.

Mais de tous les fruits que j’ai pu goûter, aucun ne surpasse la mandarine dans mon estime personnelle. Ah oui ! ce fruit, lorsqu’il est mûr à point, est juste une merveille. Je donnais tout pour en arracher un quartier à mon jeune frère Gaston, ou à mon ami de toujours, Charles, dont la mère, originaire de Sékou, était notre principale pourvoyeuse de fruits au quartier.

Juste après la mandarine, la pomme étoile (Azongogwé en langue fon) est le médaillé d’argent des fruits les plus savoureux à mon goût. Ce fruit est celui qui m’a permis de tisser de solides liens avec le village de Wêkêgbo à Akassato, dans la commune d’Abomey-Calavi, d’où nous venaient de savoureux azongogwé en leur saison. Rien qu’à y penser, je salive, tant le goût succulent de la pulpe de ce fruit tropical, original, me revient à la bouche.

Enfin, pour mon cinquième fruit, j’ai vraiment l’embarras du choix. Il y a entre autres les classiques orange et papaye qui ont été mes compagnons de toujours et que je consomme abondamment encore. Certainement les deux fruits que je consomme le plus. Il y a aussi mon fidèle compagnon de voyage, la banane, car je n’entre jamais dans un bus pour un long voyage sans avoir sur moi ou sans en acheter en chemin. Il y a enfin la « mangue sauvage » (assro), beaucoup plus connu pour la délicieuse sauce à base de ses amandes (assrokouin) que pour le fruit lui-même et que j’ai redécouvert dernièrement avec un plaisir certain.

Mais mon cinquième choix se portera sur la goyave. Dieu sait que je ne manque jamais une occasion d’en acheter, surtout quand elles sont bien grosses, pas trop mûres, mais encore un peu vertes et surtout croquantes. Il y avait un goyavier dans la maison voisine à la maison de mon enfance, chez les Dansou. Et je pouvais voir quand les goyaves murissaient et ainsi définir quand lancer l’assaut. J’ai probablement bouffé la moitié des fruits que cet arbre a produit et si je suis si bon ami avec les Dansou, cet arbre en est pour beaucoup.

Voilà ainsi cinq fruits qui ont marqué ma vie. Chacun de nous a certainement une belle histoire avec les fruits car ils sont particulièrement importants pour le bien-être et l’équilibre de l’organisme, non seulement pour leurs apports énergétiques (oui les fruits sont aussi des sources d’énergie) mais surtout pour leur apport en oligoéléments : les vitamines et les minéraux. L’importance des vitamines et des minéraux dans l’alimentation n’est plus à démontrer et on pourrait écrire toute une bibliothèque sur cela.

Mais je vais juste citer cette allégorie du Dr Georges PAMPLONA-ROGER dans son livre « Croquez la vie ». Il y dit : « le corps humain est comparable à un véhicule dont les protéines en sont la carrosserie et les lipides et glucides, le carburant. Les vitamines et les minéraux constituent l’étincelle de la bougie et sans cette étincelle, vous pouvez avoir la meilleure des carrosseries, vous pouvez être rempli de carburant, vous n’allez pas démarrer ».


Journée Mondiale de l’alimentation 2016 : le climat change, l’alimentation et l’agriculture aussi

Le changement climatique affecte sévèrement la sécurité alimentaire. Parmi les 800 millions de personnes victimes de sous-alimentation chronique dans le monde, beaucoup sont des petits agriculteurs, des pêcheurs ou encore des éleveurs. Ce sont également les premières victimes de la hausse des températures et des catastrophes climatiques dont la fréquence et l’intensité ne cessent d’augmenter, exacerbées par le réchauffement de la planète. Sans une action concertée visant à renforcer la résilience, il sera difficile pour une grande partie des populations les plus pauvres et les plus vulnérables, de produire des aliments et de générer des revenus suffisants pour nourrir leurs familles.

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Champ de riz détruit par la sécheresse à Toffo (Benin, 2015)

Il est impossible de parvenir à un développement social et économique sans sécurité alimentaire. Le changement climatique menace également la stabilité des prix des denrées alimentaires. L’irrégularité des précipitations et des températures et les phénomènes météorologiques extrêmes pourraient se traduire, d’ici la fin du siècle, par une forte baisse des rendements en ce qui concerne les principales cultures (maïs, blé, riz et soja), avec des effets généralisés sur la sécurité alimentaire et les prix des aliments.
Les secteurs agricoles tels que l’agriculture, l’élevage, les forêts, la pêche ou encore l’aquaculture – peuvent jouer un rôle de premier plan dans la lutte contre le changement climatique. En adoptant des pratiques agricoles durables adaptées aux contextes locaux, les petits exploitants pourront augmenter leur productivité et leurs revenus tout en renforçant la résilience de leurs activités et de leurs recettes face à la variabilité climatique. Des stratégies d’adaptation de ce type sont essentielles pour combattre la pauvreté et la faim face au changement climatique.
Les secteurs agricoles consomment environ 70 pour cent de l’eau mondiale et ont un impact considérable sur la santé des sols, des forêts et des services offerts par l’écosystème. Les pratiques agricoles durables qui améliorent la santé des écosystèmes et la gestion des ressources naturelles sont susceptibles de freiner, voire d’inverser le processus de surexploitation des ressources et de dégradation des écosystèmes.
Les secteurs agricoles émettent de 20 à 25 pour cent des gaz à effet de serre (GES). Les pratiques agricoles durables peuvent accroître la productivité et la résilience, réduire l’intensité des émissions de GES, freiner la déforestation et améliorer la santé des sols, des paysages et des forêts – qui sont tous des piégeurs de carbone. Tous ces avantages induits par l’atténuation des émissions des gaz peuvent souvent être obtenus à un coût minime ou nul, sans entraver le développement agricole.

Source: www.fao.org


Le fonio au Bénin : une spécialité de l’Atacora.


Au Bénin, le fonio (Digitaria exilis) est produit dans la région de Natitingou, chef-lieu du département de l’Atacora, situé au nord-ouest du pays. C’est une zone de petites montagnes (la chaîne de l’Atacora culmine à 658 m) au climat soudano-guinéen, avec une saison humide de juin à octobre donnant une pluviométrie moyenne annuelle de 1 000 à 1 300 mm. Cette région, au fort potentiel touristique en raison du patrimoine architectural Somba, a une économie essentiellement agricole.

Champ de fonio
Champ de fonio à Natitingou au Nord Ouest du Bénin.

Elle produit du mil, du sorgho, du niébé, de l’igname, du manioc, de l’arachide et plus récemment du maïs et du coton. Le riz est cultivé dans certains bas-fonds et le fonio est encore présent dans quelques zones de l’Atacora, où il semble néanmoins en régression constante depuis l’introduction de variétés hâtives de maïs.

La pénibilité des tâches de transformation du fonio est l’une des principales raisons de son abandon progressif. Seule la commune de Boukoumbé assure l’essentiel de la production de la région, soit environ 1 500 t pour 2 500 ha cultivés, avec des rendements moyens voisins de 600 kg/ha.

Dans cette zone de piémont, proche de la frontière togolaise, le fonio représente encore plus de 20 % des surfaces cultivées, car il conserve une importance socioculturelle forte pour certains groupes ethniques somba, comme le peuple otammari.

Plaque indiquant la commune de Boukombé, principale région de production du Fonio au Bénin
Commune de Boukombé dans le département de l’Atacora : principal « grenier » du fonio au Bénin

Même si, à l’instar du mil, du sorgho et du riz, le fonio représente, pour eux, une graine à consommation « masculine », on observe une très forte implication des femmes dans les opérations culturales et plus encore dans les opérations post-récolte.
Comme dans la plupart des zones de production, les producteurs du village de Kouya, proche de la frontière togolaise, reconnaissent utiliser trois types de variétés selon la durée de leur cycle de culture : une variété précoce appelée Kouatnanfa ; une variété intermédiaire, Ipordawan ; une variété tardive, Ipo n’kouani ou « fonio lépreux », difficile à décortiquer, mais qui donne un fonio bien blanc. Une autre variété, Ikantoni,; extra-précoce, est moins fréquente. Ces différentes variétés, récoltées à des périodes différentes entre août et septembre, sont toujours stockées séparément. Le fonio, appelé « ipoaga » en langue ditamari, est en grande partie destiné à l’autoconsommation et reste, encore aujourd’hui, considéré comme une céréale de soudure. L’offre est, de ce fait, dispersée et relativement faible sur le marché car il n’y a pas de réels circuits de commercialisation.

Source : Le fonio, une céréale africaine, Jean-François CRUZ, Famoï BEAVOGUI avec la collaboration de Djibril DRAME, Éditions Quæ, CTA, Presses agronomiques de Gembloux, pages 39 et 40.


Le décorticage du fonio : de l’ombre à la lumière !

Le fonio est une céréale exclusivement cultivée en Afrique de l’Ouest. Il se distingue des autres céréales connues (maïs, riz, sorgho, mil, blé, etc.) par l’extraordinaire petitesse de ses grains. De plus, les grains de fonio qui, comme les grains de riz, sont pourvus d’une enveloppe extérieure non comestible (balle) doivent être décortiqués avant transformation, préparation ou consommation. Et c’est là que réside la difficulté avec cette petite céréale.

Extrémité dʼune gerbe de fonio (Source: Enda Pronat) et des grains de fonio fortement agrandis
Extrémité dʼune gerbe de fonio (Source: Enda Pronat) et des grains de fonio fortement aggrandis

 

En effet, le décorticage du fonio se faisait autrefois (et même dans certaines régions aujourd’hui encore, comme dans la région de Korontière au Bénin) au mortier et au pilon. Les femmes devraient procéder à trois ou quatre pilages successifs avant de disposer du fonio pour leur préparation. Et ça, c’était sans compter l’étape tout aussi harassante du lavage, compte tenu de la présence inéluctable de sable dans les grains – certaines femmes ajoutant même, au cours du pilage, le sable comme abrasif pour faciliter l’élimination des enveloppes protectrices. C’est cette pénibilité de la transformation artisanale qui a longtemps freiné la valorisation du fonio, qui pourtant est la plus ancienne céréale connue en Afrique de l’Ouest.

Heureusement, les chercheurs veillaient au « grain », et opinaient sur les améliorations techniques et technologiques en vue de faciliter la transformation du fonio.

Et le premier éclair de génie vint du Sénégal. En 1993, le professeur Sanoussi Diakité mis au point la première décortiqueuse spéciale pour le fonio.  Cette décortiqueuse, nommée du nom de son concepteur (Décortiqueuse SANOUSSI) a permis de réduire de façon considérable le temps de travail des femmes. En effet, elle était capable de traiter 5 kg de fonio en 8 minutes (comparé au décorticage manuel 2h de temps pour 2.5 kg) avec un taux de décorticage-blanchiment de 99%, un rendement moyen de 65% et un taux de brisure de 1%. Ceci permit alors d’améliorer le niveau de transformation et de mise en marché du fonio.

Décortiqueuses de fonio SANOUSSI
Décortiqueuses de fonio SANOUSSI

 

Cette innovation a valu plusieurs récompenses, tant nationales qu’internationales dont voici quelques-unes :

  • le Grand prix du Salon africain et de l’innovation, en 1997
  • Tech Awards des Etats-Unis en 2008
  • Prix de l’innovation sociale à l’occasion de l’édition 2013 du Prix de l’innovation pour l’Afrique (PIA)

Notons par ailleurs que l’invention est actuellement brevetée à l’OAPI.

Toujours dans cette dynamique, un projet d’amélioration des technologies post-récolte du fonio a été financé par le CFC (Common Fund for Commodities) de 1999 à 2004. Placé sous l’égide de la FAO, ce projet régional a associé les instituts nationaux de recherche du Mali (IER, Institut d’Economie Rurale), de la Guinée (IRAG, Institut de Recherche Agronomique de Guinée), du Burkina (IRSAT, Institut de Recherche en Sciences Appliquées et Technologie) et le CIRAD qui a été l’agence d’exécution. Les études techniques ont abouti à la mise au point d’une décortiqueuse-blanchisseuse «GMBF1», de type «engelberg» adaptée aux dimensions et aux particularités du grain de fonio.

Décortiqueuses de fonio GMBF, à gauche la version Diesel, à droite la version électrique
Décortiqueuses de fonio GMBF, à gauche la version Diesel, à droite la version électrique (Cliché Claude MAROUZE_CIRAD)

 

Cette décortiqueuse est équipée d’un canal de vannage qui permet l’aspiration des sons à la sortie des grains. Les performances obtenues sont encore meilleures, tant en matière de débit (100-120 kg/h), qu’en terme de rendement au décorticage (66-72%) et de qualité de décorticage. Le taux de paddy ne dépasse pas 0,5%, le taux de brisures 5% et le taux de dégermage est voisin de celui obtenu avec le pilon.

Pour accompagner cette décortiqueuse, il a été également mis au point un Crible Rotatif Manuel Court CRMC afin d’éliminer les impuretés plus grosses ou plus petites que les grains à calibrer avant le décorticage. Le débit de cette cible est de 150 kg de fonio par heure.

Crible Rotatif Manuel Court
Crible Rotatif Manuel Court (Cliché Michel RIVIER_CIRAD)

 

Autrefois très fastidieuse, le décorticage du fonio est largement facilité aujourd’hui par les nombreux équipements mis au point par la recherche. Il est progressivement passé de l’ombre à la lumière et le fonio pourra dorénavant tenir toute la place qui lui revient dans le quotidien des peuples Ouest-africains.

 

 

1GMBF : initiales des noms des quatre pays ayant collaboré pour la mise au point de la décortiqueuse (G pour Guinée, M pour Mali, B pour Burkina et F pour France)

Pour plus d’informations, visiter le site wed du CIRAD sur le fonio.

 


Fonio : la céréale pour l’Afrique de demain

Les espèces alimentaires négligées et sous-utilisées (NUS) jouent un rôle crucial dans la lutte contre la faim et la sécurité alimentaire de millions d’êtres humains travers le monde. Elles représentent une ressource essentielle pour le développement agricole et la lutte contre la pauvreté, surtout dans les régions rurales. C’est le cas du fonio (Digitaria exilis, Staff), une céréale africaine de la famille des graminées qui malgré son potentiel tant sur le plan agronomique que nutritionnel reste très peu connu et exploité.

Le fonio : une céréale séculaire, mais sous-utilisée

Epis de fonio
Epis de fonio

Le fonio est une céréale dite « vêtue » dont le grain après battage reste entouré de glumes et de glumelles comme le riz. Ce produit est appelé « fonio paddy » ou « fonio brut ». Le fonio est bien plus petit que les autres céréales habituellement cultivées. Le grain paddy, de forme ovoïde, ne mesure en effet que 1 à 1,5 mm de longueur. La masse de 1000 grains de fonio est d’environ 0,5 g. En comparaison, 1000 grains de maïs, de sorgho ou de riz peuvent peser respectivement 330 g, 27 g et 22 g (Affokpe, 2013).

Le fonio parmi quelques autres céréales (JF Cruz, 2004)
Le fonio parmi quelques autres céréales (JF Cruz)

Cette très petite taille du grain rendait autrefois les opérations de  transformation longues et pénibles pour les femmes. Cette difficulté de transformation a longtemps réduit le fonio à l’état de céréale marginale. Mais aujourd’hui, des recherches ont permis de mécaniser plusieurs étapes de sa transformation pour mieux le valoriser sur les marchés urbains, où il est particulièrement apprécié. Ces améliorations portant notamment sur le vannage et le décorticage du fonio.

Le fonio : la céréale de l’Afrique

L’aire de culture du fonio s’étend du Sénégal au lac Tchad, mais c’est surtout en Guinée, dans les régions montagneuses du Fouta Djalon, qu’il constitue l’une des bases de l’alimentation des populations. On le rencontre également au Mali, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Nigeria, au Sénégal, au Niger, au Bénin, au Togo et en Guinée- Bissau.

Aire de production du fonio en Afrique de l’Ouest (Vodouhè et al., 2007)
Aire de production du fonio en Afrique de l’Ouest (Vodouhè et al., 2007)

En 2012, la production du fonio avoisinait 600 000 tonnes (FAOSTAT, 2012), ce qui permettait d’assurer l’alimentation de plusieurs millions d’êtres humains durant les mois les plus difficiles du point de vue des ressources alimentaires. Les rendements moyens sont relativement faibles (600 à 700 kg/ha) en comparaison avec les autres céréales. Cependant, l’application suffisante de fumure organique et un désherbage plus récurrent accroissent le rendement moyen du fonio à 700-800 kg/ha voire 1t/ha (Vall et al, 2011).

Une céréale rustique et parfaitement adaptée aux défis climatiques

Le fonio est généralement cultivé sur des terres légères, sableuses ou caillouteuses, car il est peu exigeant et s’accommode de sols pauvres ou des mauvais terrains notamment pour les variétés tardives (Cruz, 2004). Cette petite plante est très rustique et résiste bien à la sécheresse et aux fortes pluies et de ce fait est parfaitement adaptée au contexte actuel de changement climatique et des défis environnementaux. Selon les variétés, le cycle cultural varie de 70 à 150 jours et celles à cycle très court (70 à 85 jours) permettent des récoltes précoces assurant ainsi la soudure jusqu’à la récolte d’autres productions (Cruz 2004). Ainsi, pendant les quelques mois critiques de « soudure », le fonio devient alors « la graine de vie », et permet d’assurer une transition alimentaire vitale pour les populations lorsque les autres céréales sont encore immatures et que les réserves de l’année précédente sont épuisées. Le changement climatique par ses effets affecte le rendement et donc la disponibilité des céréales majeures pour assurer la sécurité alimentaire.

Une céréale aussi riche, voire plus riche que le riz

Le fonio, qui a longtemps été considéré comme une céréale mineure, la « céréale du pauvre », connaît aujourd’hui un regain d’intérêt en zone urbaine en raison des qualités gustatives et nutritionnelles que lui reconnaissent les consommateurs.

Composition du fonio et de quelques céréales
Composition du fonio et de quelques céréales (Fliedel et al., 2004)

La composition du fonio est globalement voisine de celle des autres céréales et plus particulièrement du riz. Des études histologiques ont montré que le grain de fonio, comme celui de toutes les autres céréales, possède un germe qui contient l’essentiel des réserves lipidiques et un albumen riche en réserves amylacées, les protéines étant surtout concentrées à la périphérie au niveau de la couche à aleurone avec un gradient de concentration décroissant vers le centre. Par rapport aux autres céréales, le fonio est moins riche en protéines, mais il est réputé pour ses fortes teneurs en acides aminés indispensables comme la méthionine et la cystine.

Une diversité de modes de consommation

Le fonio est habituellement consommé sous forme de couscous ou de bouillies, mais de nombreuses autres préparations culinaires sont possibles (salades, gâteaux, beignets…). Le fonio est une denrée très appréciée au plan culinaire et diététique. Réputée comme une céréale très savoureuse, sa finesse et ses qualités gustatives en font un met de choix toujours servi lors de fêtes ou de cérémonies importantes. Très digeste, il est traditionnellement recommandé pour l’alimentation des enfants, des personnes âgées et pour les personnes souffrant de diabète ou d’ulcère. En pharmacopée locale, il est également utilisé dans les régimes amaigrissants pour traiter les cas d’obésité.

Une céréale qui devrait compter pour l’Afrique de demain

Selon le dernier rapport de la FAO sur L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde (SOFI, 2015), 795 millions de personnes dans le monde, soit près d’une personne sur huit, souffraient et souffriraient de faim chronique entre 2014-2016, c’est-à-dire qu’elles ne recevaient pas assez de nourriture de façon régulière pour mener une vie active. Pour la grande majorité, ces personnes vivent dans des régions en développement, notamment en Afrique subsaharienne où la prévalence de la sous-alimentation est estimée à 23, 2 % de la population, soit plus de 220 millions de personnes. L’insécurité alimentaire est l’un des principaux risques associés aux effets pervers des changements climatiques. La perturbation ou le déclin des approvisionnements alimentaires aux niveaux mondial et local dus aux changements climatiques peuvent être compensés par le développement de variétés de plantes adaptées à des conditions climatiques changeantes. En cette Année internationale des sols (IYS) les stratégies d’adaptation aux changements climatiques impliquent sans doute la valorisation des espèces culturales négligées, surtout quand elles présentent des potentialités agronomiques, technologiques et nutritionnelles avérées. Dans ce contexte, une culture comme le fonio devrait compter pour l’Afrique de demain.

Références

  1. Cruz, J.-F., 2004 : Le Fonio : Petite Graine, Gros Potentiel ! LEISA, 20 (1), 16-17.
  2. Affokpe, C., 2013 : Optimisation de la Technologie de Production du fonio précuit par la méthode des surfaces de réponses. Mémoire de fin de formation pour l’obtention du diplôme d’Ingénieur de Conception en Technologie Alimentaire, EPAC, UAC, Bénin
  3. FAO 2012 : Les cultures sous-utilisées sont essentielles pour relever les défis agricoles et alimentaires du futur, souligne M. Graziano da Silva. Consulté à l’adresse : https://faostat.fao.org/DesktopDefault.aspx?PageID=339&lang=fr le 26/03/2014 à 22h 47.
  4. FAOSTAT, 2012 : Production mondiale de fonio. Consulté à l’adresse https://faostat.fao.org/site/339/default.aspx le 31 Octobre 2013 à 11h 54.
  5. Fliedel, G., M. Ouattara, J. Grabulos, D. Dramé, J.-F. Cruz 2004 : Effet du blanchiment mécanique sur la qualité technologique, culinaire et nutritionnelle du fonio, céréale d’Afrique de l’Ouest. In : Brouwer Inge D. (ed.), Traoré Alfred S. (ed.), Trèche Serge (ed.), Voies alimentaires d’amélioration des situations nutritionnelles en Afrique de l’Ouest : Le rôle des technologues alimentaires et des nutritionnistes : actes du 2e Atelier international, Ouagadougou, 23-28 nov. 2003. Ouagadougou : Presses universitaires de Ouagadougou, Burkina Faso. p. 599-614.
  6. Vall E., Andrieu N., Beavogui F., Sogodogo D., 2011 : Les cultures de soudure comme stratégie de lutte contre l’insécurité alimentaire saisonnière en Afrique de l’Ouest : le cas du fonio ( Digitaria exilis Stapf). Cahiers Agricultures. Volume 20(4), 294-300.
  7. Vodouhè, R.S., Achigan Dako, G.E., Dansi, A, Adoukonou-Sagbadja, H., 2007: Fonio : A treasure for West Africa. In Plant genetic resources and food security in West and Central Africa. Regional Conference, Ibadan, Nigeria, 219-222.


Happy independance day Benin!

Le Bénin célèbre en ce jour 1er Août 2015, le 55ème anniversaire de son accession à l'indépendance.
Le Bénin célèbre en ce jour 1er Août l’anniversaire de son accession à l’indépendance.

Partout sur nos axes routiers, on voit flotter les couleurs nationales ;

Le vert-jaune-rouge est en fête dans toutes les collectivités locales.

Un nouveau 1er Août pour nous rappeler qu’en 1960, du colon, nous nous sommes libérés ;

55 ans d’indépendance, il faut le fêter, il faut le célébrer !

Et pourtant, on aurait pu ne pas en être là aujourd’hui, 1er Août 2015 ;

Et pourtant, tout aurait pu basculer au lendemain du scrutin législatif du 26 avril 2015.

On aurait pu ne jamais avoir de nouveaux maires à la tête de nos communes ;

Ou bien encore, le spectre du « scandale de l’eau » continuerait à planer sur ma terre dahoméenne.

Non ! Au plus profond de chacun, nous avons trouvé les ressources pour sortir de ce dédale ;

Le peuple a veillé, les leaders ont eu un coup au moral.

Quand il le fallait, nous nous sommes assis pour se dire les vérités ;

Même s’il fallait ôter des têtes, on l’a fait sans trop hésiter.

Aujourd’hui, de mon pays, je commence à être fier, je commence à avoir foi ;

Car je le vois, nous travaillons à mériter d’être appelés BENINOIS,

Tachons de rester fidèle à ce engagement, en combattant avec ardeur nos vrais ennemis communs

Qui ne sont rien d’autres que : la corruption, le chômage et la faim.


Elections au Bénin : tout ça pour ça !

Les élections communales, municipales et locales étaient attendues depuis 2013. Mais le nouveau système électoral informatisé a perturbé ce rendez-vous.

Attendues depuis 2013, on pouvait penser que les élections communales, municipales et locales béninoises qui se sont tenues cette année serait un véritable succès. Pourtant ce qui s’est passé ne donne pas l’impression d’une élection attendue depuis si longtemps.

Pour rappel, le Bénin s’est engagé sur le chemin, a priori, merveilleux de la décentralisation en 2003. Ainsi, en cette année, les premiers conseillers communaux ou municipaux et les conseillers locaux ont été choisis pour expérimenter le pouvoir à la base. Les conseillers municipaux étant pour les villes à statut particulier (Cotonou, Porto-Novo et Parakou), et les conseillers communaux pour les 74 autres communes du pays. C’est à ces conseillers que revient la responsabilité d’élire le maire pour un mandat de 5 ans. Les conseillers locaux quant à eux sont choisis au niveau des quartiers ou villages, c’est-à-dire ce qu’il convient d’appeler le niveau le plus décentralisé de la gestion des affaires publiques.

L’élection de ces divers conseillers a été donc fait en 2003 pour la première fois avec beaucoup d’enthousiasme. Après 5 ans, en 2008, nous nous sommes retrouvés aux urnes pour renouveler, s’il y avait lieu, les équipes communales ou municipales et de quartier ou village, toujours avec autant d’enthousiasme et avec notre bonne vieille liste électorale manuelle. Tout allait bien jusque-là.

Un nouveau système aux insuffisances criantes

Mais à l’avènement de la Liste Électorale Permanente et Informatisée (LEPI) le mandat de 5 ans est passé subitement à 7 ans. Non pas à cause d’une loi prolongeant le mandat des conseillers, mais à cause des élections qui n’ont pu se tenir depuis 2013. En effet, à l’issue du fiasco électoral de 2011, ponctué par le KO retentissant du chef de l’Etat BONI YAYI, au premier tour des élections présidentielles, il avait été convenu par l’ensemble des acteurs politiques, y compris le président de la République, de porter des corrections au fichier LEPI. Ce qui n’a été fait qu’au début de l’année 2015.

Pour une première, le nouveau fichier a été expérimenté pour les élections législatives du 26 Avril dernier et avait déjà exposé ses insuffisances. Pour ces élections communales municipales et locales, les mêmes erreurs se sont répétées et même amplifiées. Voici quelques-unes des incohérences qui ressortent de ces élections :

  • Entre décembre 2014, date d’arrêt du fichier et juin 2015, 400.000 Béninois qui ont gagné la maturité n’ont pu recevoir leurs cartes d’électeurs pour exprimer leur vote. Pourtant, nombre de candidats ont axé leur campagne sur le thème de la jeunesse.
  • Les élections qui devaient se tenir au mois de mai, ont été repoussées en juin, en pleine saison des pluies. Et évidemment, cette dernière ne s’est pas faite prier pour s’inviter au rendez-vous ce dimanche 29 Juin, bloquant de nombreux électeurs à leurs domiciles. Ironie du sort, les problèmes d’inondation en temps de pluies étaient au menu de la campagne électorale dans les grandes villes comme Cotonou et Abomey-Calavi.
  • Un taux de participation squelettique, voire ridicule. Certains postes de vote ayant même enregistré 60 votants sur 486 inscrit à Abomey-Calavi, environ 12 % de participation.

Tout ceci traduit une sorte de désintéressement, tant de la classe politique, que des populations pour ce genre d’élection car pour un scrutin attendu aussi longtemps, on aurait pu faire bien mieux.


Sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest et au Bénin : on y est presque !

 

Depuis quelques années, les progrès accomplis en matière de lutte contre l’insécurité alimentaire dans le monde s’évaluent par rapport à deux références :

1. la cible C du premier des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) qui vise à éliminer de moitié entre 1990-1992 et 2014-2016 le pourcentage de personnes en situation de sous-alimentation et

2. l’objectif du Sommet Mondial de l’Alimentation (SMA) de 1996 qui demande d’éliminer de moitié, sur la même période, le nombre de personnes sous-alimentées.

Mais où en sommes-nous aujourd’hui en Afrique par rapport à ces objectifs ?

Le dernier rapport de la FAO sur l’état de l’insécurité alimentaire dans le monde (SOFI 2015) a été publié et l’une des principales conclusions à en tirer est que l’Afrique Subsaharienne (ASS) a encore beaucoup de chemin à faire sur le chemin de la sécurité alimentaire. En effet, de 1990-1992 à 2014-2016, le nombre de personnes en situation de sous-alimentation est passé de 175,7 à 220 millions de personnes soit une augmentation de 25% ; Ce qui éloigne le continent de l’ambitieux objectif du sommet mondial de l’alimentation de 1996. Par ailleurs, en termes de pourcentage, la part de la population souffrant de la sous-alimentation est, quant à elle, passée de 33,2 à 23,2% soit une diminution d’environ 30%. L’Afrique Subsaharienne rate alors de peu la cible C du premier des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD1).

Cependant, des efforts se font sur le continent, des efforts inégalement répartis selon la Vue d’ensemble régionale de l’insécurité alimentaire-Afrique. Et en cette matière, il y a de quoi être fier en Afrique de l’Ouest. Des quatre régions de l’ASS à savoir Afrique Orientale, Afrique Centrale, Afrique Australe et Afrique de l’Ouest, seule la dernière citée est sur chemin de l’élimination de la faim. En effet, de 1990-1992 à nos jours, le pourcentage de personne en situation de sous-alimentation est passé de 24,2% à 9,6%, une réduction de 60,2% qui met la sous-région en phase avec la cible C de l’OMD1. Le prochain défi est l’objectif du SMA car le nombre de personnes sous alimentées n’est passé que de 44,6 à 33,7 millions. Un peu d’effort donc notre sous-région pourra se targuer de faire aussi bien que l’Amérique latine en matière sécurité alimentaire.

Dans la même dynamique que la sous-région Ouest Africaine, le Bénin a déjà atteint la cible C de l’OMD1. Le pays est passé de 28,1% de personnes en situation de sous-alimentation à 7,5% sur la période étudiée. Une diminution quasi spectaculaire de 73,4% qui place le pays au troisième rang en matière de lutte contre l’insécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest derrière le Ghana et le Mali.

jeune producteur de riz de Zinvié au Sud Bénin
un jeune producteur de riz du village de Docomey à Zinvié au Sud Bénin

Il est à noter que cette diminution n’a pris corps réellement que sur les dix dernières années avec l’avènement nouveau pouvoir. Sous la présidence de Boni YAYI, le nombre de béninois sous-alimentés est passé de 1,3 à 0,8 millions, soit 500 000 personnes en moins. Ceci est sans doute dû aux nombreuses initiatives prises dans le sens de la promotion agricole : augmentation de la productivité, entreprenariat agricole etc. Même si à l’heure actuelle, le Bénin n’a pas encore réalisé l’objectif du SMA, cela ne saurait tarder car de 1990-1992 à 2014-2016 le nombre de personnes en défaut de nourriture a été réduit de 44,3%. Bientôt, nous serons donc le 8ème pays d’ASS à accomplir cet objectif, les sept qui l’ont déjà accompli étant lAngola, la République de Djibouti, le Cameroun, le Gabon, le Ghana, le Mali et Sao Tomé et Principe.

Pour être complet les autres pays d’Afrique Subsaharienne ayant déjà, à l’instar du Bénin, réalisé la cible C de l’OMD1 sont : l’Afrique du Sud, l’Ethiopie, la Gambie, le Malawi, l’île Maurice, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria et le Togo.


Coupe du Monde FIFA 2014 : un an déjà!

Du 12 juin au 13 juillet 2014, la 20ème coupe du monde de football nous avait tenus en haleine au pays du foot, le Brésil. Au rendez-vous, tous les grands :
– Le Brésil : 20ème participation, 5 trophées
– L’Italie : 18ème participation, 4 trophées
– L’Allemagne : 18ème participation, 3 trophées
– L’Argentine, 2 trophées ; l’Uruguay, 2 trophées
– Et tous les autres vainqueurs : Angleterre, France et bien sur la redoutable furia roja espagnole, du moins jusqu’à son entrée en scène.
Et sincèrement, on n’a pas boudé notre plaisir !
Du premier but contre son camp de Marcello à ce dernier bijou du jeune Mario GOTZE, le foot a rarement été aussi beau. Plus que jamais, ce sport s’est révélé un jeu hautement collectif.
La balle est allée vite, très vite même, au grand dam des arbitres dont les yeux avaient peine à suivre. Malgré l’aide du spray, ce baume pour tenir les murs à distance et la superbe innovation de la « goal line technology », les erreurs d’arbitrage se sont multipliées à un rythme plus qu’exponentielle. Cartons rouges fictifs, fautes non sifflées, buts injustement refusés, penaltys abstraits, etc. Les joueurs non plus ne leurs auront pas facilité la tâche avec des plongeons de plus en plus professionnels ; les plus remarquables furent celui du brésilien Fred, déjà au match d’ouverture, un peu comme pour annoncer les couleurs ; celui du néerlandais Arjen Robben qui aura cloué le Mexique et bien sur celui du grec Georgios Samaras dont se souviendront longtemps les ivoiriens et l’Afrique toute entière.
Et l’Afrique, mon Afrique à ce rendez-vous se sera fait remarquée, et ça devient désormais une habitude, plus par les problèmes extra-sportifs que par les performances sur le terrain. La palme de la médiocrité revenant aux lions indomptables qui se sont fait dompter avec une facilité unique et le bilan est amère : 32ème sur 32 nations, 9 buts encaissés, un tout petit but marqué, un joueur qui se mue en catcheur au point de vouloir briser la colonne vertébrale à son adversaire, et deux autres qui oublient que sur le terrain, il faut se battre contre l’adversaire et non entre coéquipiers. Les autres, le Ghana, la Cote d’Ivoire et le Nigéria malgré un second tour ont à peine fait moins pire. Le seul sourire pour l’Afrique vient de l’Algérie, mais là encore, Feghouli oublie qu’il est africain avant d’être arabe.
Heureusement qu’il n’y avait pas que des équipes africaines à cette compétition et le bilan de ce mondial, si on oublie la morsure de l’autre vampire de Suarez, est on ne peut plus satisfaisant :
171 buts marqués, une moyenne de 2,7 Buts par match, autant qu’en 1998, le record depuis que la coupe du monde se joue avec 32 nations.
– La Colombie est déclarée équipe fairplay du tournoi, malgré que le genou du rugueux Zuniga ait brisé une vertèbre au prodige brésilien Neymar,
Le soulier d’or Adidas du meilleur buteur est évidemment revenu à l’excellentissime James RODRIGUEZ, auteur de 6 réalisations.
Le gant d’or du meilleur gardien de but est allé au très performant Manuel NEUER ;
Le trophée du meilleur espoir fut remis au français d’origine guinéenne Paul POGBA ;
– Le ballon d’or Adidas du meilleur joueur du tournoi est revenu, avec beaucoup polémique, à la pulga Lionel MESSI ; mais que voulez-vous, tant qu’on cherchera à distinguer un joueur unique dans un sport collectif, on ne sera jamais tous d’accord.
– Heureusement, aucun doute ne peut se faire sur l’Allemagne, beau vainqueur de cette 20ème édition de la coupe du monde. Une 4ème étoile se brode ainsi sur le maillot de la nationale maanschaft et l’Europe avec 11 trophées désormais prend le large sur l’Amérique latine qui coince depuis 2002 à 9 coupes.
Le Brésil, malgré tout, même l’historique et cinglant 7-1, aura tenu son pari. Attendons de voir si la Russie pourra faire autant dans 4 ans.


Elections législatives 2015 au Bénin : une série de ratés

Au Bénin, les élections législatives pour le choix des députés de la 7e législature se sont déroulées le 26 avril 2015, et il a fallu attendre le 1er mai, soit cinq jours plus tard pour avoir, de sources officielles, les grandes tendances et, tenez-vous tranquille, le taux de participation.

A une époque où, la publication des résultats d’un scrutin se fait quasi immédiatement après l’enregistrement des votes, et ce même en Afrique, le Nigeria en est l’exemple le plus récent, mon pays, le Bénin, pourtant réputée “grande démocratie d’Afrique” ne semble pas encore avoir pris le bon pli.

La Commission électorale nationale et autonome (Céna) en charge de l’organisation du scrutin et le Conseil d’orientation et de supervision de la liste électorale permanente et informatisée -COS Lépi-, dont la mission est d’éditer le fichier électoral, se sont associés pour ramener le peuple béninois un demi-siècle en arrière.

Pour rappel, depuis les élections de 2011, le fichier électoral manuel a été remplacé par une liste électorale dite “ permanente et informatisée-Lépi”. Et depuis, ce fut la descente aux enfers, du moins par rapport à ce qui était promis.

La liste qui devrait nous mettre à l’abri des fraudes électorales a servi à orchestrer la plus grande magouille de l’ère du renouveau démocratique : une élection remportée au 1er tour, un KO comme on aime si bien le dire ici. Un KO tellement improbable qu’il a été décidé de porter des corrections au fichier Lépi.

C’est là qu’a commencé, le second épisode, tout aussi amer que le premier, d’un feuilleton électoral rocambolesque. Les travaux de correction ont tellement traîné que les élections municipales, communales et locales prévues pour l’année 2014 ont été reportées.

La première expérience avec la nouvelle Lépi est la tenue des élections législatives de 2015, et pour l’instant, ça ne se passe pas mieux qu’il y a 4 ans.

  1. Déjà, la phase de distribution des cartes d’électeurs a déçu plus d’un. Prévue pour se tenir sur 15 jours, conformément au code électoral, elle n’a duré que 5 jours, privant ainsi de nombreux citoyens de leur droit de vote. Dans certaines régions, les cartes d’électeurs ont été distribuées le jour même du scrutin.
  2. Les cartes d’électeurs dans leur conception et leur présentation ont également déçu. Une carte aux dimensions monumentales (ne pouvant tenir dans une poche de chemise), imprimée en noir et blanc sur une simple rame de papier A4, mal plastifiée. Le “fruit” de nombreux mois de travail et de milliards de francs CFA engloutis.
  3. Le déroulement du vote s’est aussi heurté à des difficultés, liées notamment à l’acheminement du matériel de vote et au retard dans l’ouverture de nombreux bureaux de vote. On n’a même pas eu droit à une dispute, en direct sur nos chaînes de télévision, entre le président de la Céna  et un coordonnateur d’arrondissement qui avait peine à retrouver ses agents.
  4. Mais ce qui est le plus ahurissant, c’est l’incapacité de cette commission électorale à nous donner le taux de participation dans un court délai. Dans quel pays, faut-il attendre la fin du dépouillement avant de donner le taux de participation ?
  5. Enfin, la Lépi s’est encore montrée incapable d’éliminer les votes multiples. Le président de la Céna a lui-même admis qu’il y a 4 arrondissements dans lesquels, le nombre de votants dépasse le nombre d’inscrits.

Plus de 5 ans qu’on nous parle de la liste électorale permanente et informatisée, plus de 5 ans qu’on nous annonce les milliards engloutis dans cette liste. Et, nous attendons toujours des résultats à hauteur de ce qui était annoncé. Les élections législatives de 2015  sont une série de ratés. Vivement que les élections municipales, communales et locales se déroulent mieux.